La traversée

La pays que je traverse depuis deux ans est recouvert d’une chape de brume dense. Un mur de vapeur atmosphérique avale mes pas et habille le paysage de formes fantomatiques. Mon avancée est lente et fastidieuse, par crainte d’embûches ou de dangers invisibles. Vigilant et aveugle, j’avance prudemment.

Les sons étouffés du monde invisible bruissent et m’accompagnent. Quelles créatures mystérieuses se faufilent-elles à l’abri de mon regard? Je m’arrête et j’écoute. Au loin, résonnent d’autres bruits secs et des détonations. Elles rappellent à ma mémoire la folie tapageuse des ravageurs humanoïdes, ceux qui coupent, écrasent, forcent et menacent, ceux qui mentent, nous oppressent et nous aspirent.

Malgré cette situation inconfortable, j’avance avec confiance car je sais qu’au terme de ce chemin nébuleux, un vent libérateur chassera de son souffle puissant les miasmes et la fange, révélant à nouveau la couleur du monde, sa beauté et sa désarmante légèreté.